21 septembre 2001, 10h17, un stock de nitrate d’ammonium explose, l’usine AZF de Toulouse est détruite. Un an et demi après les faits, le stress post-traumatique affecte 30% des femmes et hommes vivant dans les environs de l’usine selon l’Institut de veille sanitaire. Mais aujourd’hui, 19 ans plus tard, quels souvenirs en gardent les Toulousains ?

Stéphane, 48 ans, commerçant

Depuis ce jour j’ai gardé une certaine peur. Parfois des bruits peuvent me rappeler des explosions, comme des attentats. J’étais à mon domicile à Blagnac, assis dans mon salon. J’ai senti les tremblements. Il y en a eu plusieurs. Au début j’ai cru que cela provenait de l’aéroport, j’ai pensé à un crash d’avion ou à une explosion. Je ne me doutais pas que c’était au niveau de la route d’Espagne. Cela a été vraiment puissant.”

Serge, 66 ans, Fournisseur d’équipement de chauffage

Mon coeur a battu vite et fort plusieurs jours. Mon état de choc s’est transformé en stress post-traumatique qui s’est atténué petit à petit. Je travaillais dans une zone industrielle, à 200 mètres à vol d’oiseau de l’usine. J’ai entendu comme une barre de fer qui tombait. De suite après il y a eu l’explosion, puis le souffle et tout s’est écroulé. Je me suis réfugié sous mon bureau. Mon patron nous a dit de partir. J’ai pris ma voiture avec une atmosphère apocalyptique autour de moi. Les restaurants n’avaient plus de vitre. Je suis parti chez ma famille dans le Lot. ” 

Maurice, 65 ans, Jardinier

C’était très émouvant, j’en ai encore la gorge nouée en y pensant.Je jardinais au lycée Berthelot. J’ai pensé directement aux attentats des Tours jumelles aux États-Unis survenus 10 jours auparavant. Le toit du gymnase s’est levé puis rabaissé, les vitres ont explosé ou implosé. Sur le parking les voitures gonflaient ou rapetissaient. J’ai eu très peur pour les enfants, il fallait les garder dans l’établissement et les empêcher d’aller voir si leur famille avait été blessée. ”

Saïda, 52 ans, Docteur en biologie

J’avais vraiment une impression de fin du monde, d’entrée en guerre, un sentiment étrange m’avait envahi. J’y repense à chaque anniversaire du 21 septembre. Je sortais de réunion lorsque j’ai entendu le bruit. Je travaille dans un laboratoire de recherche, j’ai donc cru à une explosion de bouteille de gaz ou de produits chimiques. Il fallait que je retrouve ma fille, mais les lignes téléphoniques étaient saturées, impossibles de joindre sa crèche. Je suis restée un long moment coincée dans les bouchons avant de pouvoir la rejoindre.”