Image d'illustration, grêve des avocats à paris le 7 juillet 2014. Crédit: Petit_louis/CC BY 2.0
Image d’illustration, grève des avocats à paris le 7 juillet 2014. Crédit: Petit_louis/CC BY 2.0

Diverses contestations ont marqué ce 12 décembre: gilets jaunes, étudiants, fonctionnaires, mais aussi avocats et magistrats ont manifesté contre la politique mise en place par l’exécutif.

«Le projet de loi sur la réforme de la justice va tout changer. Il va créer des zones blanches juridiques.» Explique Véronique Olfot, ancienne bâtonnière de Tarbes et membre de la conférence des bâtonniers. À ses côtés une cinquantaine de magistrats, avocats et greffiers ont manifesté devant la préfecture haut-pyrénéenne. Ils étaient aussi 200 à Toulouse.

Le projet prévoit notamment de regrouper les différents tribunaux de grandes instances, pour raison budgétaire. Véronique Olfot s’insurge: «Cette volonté de fusionner les tribunaux, souhaité par Bercy, c’est empêcher des gens d’accéder à la justice. Ici à Tarbes le tribunal de grande instance devrait fusionner avec celui de Pau ou de Toulouse. Ce qui entrainera le déménagement des 20 avocats et des nombreux magistrats du département. Cette loi signe la fin, pure et simple, de la justice dans les territoires ruraux.»

«L’état refuse de donner des moyens aux services publics»

Face à ce constat alarmant, les avocats des grandes villes tirent les mêmes conclusions: «La loi vise à retirer l’accès à la justice à tous. La justice deviendra un luxe, chose impensable dans toute démocratie.» défend le barreau de Toulouse. «Une telle loi fermera des tribunaux départementaux , et surchargera encore plus ceux qui resteront ouverts. Il faudra bientôt pousser les murs pour faire une audience !» s’agace Véronique Olfot. La France fait figure de mauvais élève en Europe en termes de justice. Souvent repris à l’ordre par Bruxelles, elle compte 8 magistrats pour 100.000 habitants. Là où la moyenne européenne est de 21.

Face à ce manque de magistrats qualifiés, le texte de loi prévoit ainsi de réaliser plusieurs démarches en ligne. Là encore, Véronique Olfot est fermement opposée à cette réforme: « 20% des Français n’ont pas accès à internet, et ils devront déposer plainte en ligne ? Une personne âgée qui se fait cambrioler, elle devra porter plainte en ligne. On marche sur la tête. »