Omar * a 36 ans. Originaire d’Afrique de l’Ouest, il était sans-abri à Toulouse pendant un an. Aujourd’hui, le jeune homme est locataire mais aussi salarié. La situation de grande précarité qu’il a vécu, Omar ne saurait pas dire combien de temps elle a duré. Sa vie c’était la rue, mais plus maintenant. Accompagné de Richard Bastien, le responsable de l’antenne Toit à Moi à Toulouse, Omar revient sur son expérience.

 

« Cécile Mootz : Comment avez-vous trouvé Toit à Moi ?
Omar :
J’ai un parcours très très difficile, j’ai beaucoup galéré… C’est grâce à l’association que je revis. Au départ, je suis passé par un autre organisme qui m’a fait connaître Toit à Moi. Résultat: depuis le 30 novembre, j’ai rencontré tous les bénévoles, les autres locataires, bref tout le monde. Avec les bénévoles, nous avons fait beaucoup d’activités. Ils m’amenaient dans les salles de cinéma ou encore au restaurant. Ici je me sens bien, je suis à l’aise. J’étais dans la rue, je ne connaissais personne, ils sont ma famille maintenant.

C. M : Aujourd’hui vous êtes logé, comment cela s’est-il passé ? Vous payez un loyer ?
O : Toit à Moi s’est occupé des papiers administratifs, nous avons fait les démarches ensemble. Maintenant, j’ai ma clés en poche, je sors comme je veux, je suis chez moi. Je suis à Toulouse, j’ai un T2, un grand salon et j’ai déjà pu accueillir des personnes chez moi. On a même fait une crémaillère avec les bénévoles !

C.M : Richard Bastien, vous avez accompagné Omar. Toit à Moi est propriétaire du logement mais Omar est bien locataire.
Richard Bastien : Oui, les papiers sont à son nom. C’est symbolique, ça donne une position dans la société. C’est important pour rechercher du travail ou ouvrir un compte bancaire. A partir du moment où la personne est locataire elle n’a pas à faire mention de l’association. C’est important aussi parce que Toit à Moi c’est une transition, une étape vers l’autonomie. On a des T1 bis ou des T2 en général, et sur Toulouse avec les charges on est sur des loyers de 300 – 320 € environ. Sachant que l’allocation logement vient couvrir une bonne partie, il reste 20 à 30 € qui sont à la charge du locataire. C’est important de les faire participer.

C.M : Aujourd’hui, vous travaillez depuis deux mois.
O : Oui et au travail, je n’ai pas à faire mention de l’association comme le disait Richard. Tout se passe bien avec mes collègues. Je suis un intérimaire comme un autre qui va travailler, qui a un logement. Aujourd’hui je fais de la manutention à une quarantaine de minutes de Toulouse. Je n’ai pas eu à suivre de formation, j’ai appris avec les employés. Mais l’entreprise travaille aussi dans la sécurité, j’aimerais être initié à ce type de métier.

C.M : Omar a trouvé ce travail grâce à l’association ?
R.B : L’entreprise est un mécène, elle soutient financièrement l’association. Une bénévole réalisatrice de documentaires a invité Omar, elle connaissait l’entreprise, qu’elle a aussi invité. Ils se sont croisés, ils ont parlé. Le mécène lui a dit que dès que tout était ok au niveau administratif, il lui proposait du travail. Ça s’est fait très rapidement. C’est le premier emploi salarié pour Omar en France, c’est un tremplin. Ce n’est pas forcément un travail que tu as envie de faire pendant des années et des années, n’est-ce pas Omar ? C’est tout de même assez exigeant. Eux à mon avis si tu veux y rester pendant 10 ans ils seraient d’accord! (rire) C’est un peu l’employé modèle apparemment.

C.M : Comment appréhendez-vous le futur Omar?
O : Maintenant ça va. On m’a donné un espoir de vie. J’ai pu rencontré de nouvelles personnes, voir la vie différemment. Aujourd’hui je suis locataire comme beaucoup de monde, j’ai un travail, comme beaucoup de personne. C’était mon objectif : avoir un travail, un logement, je voulais retrouver une vie stable. Aujourd’hui, ma vie je la vois à Toulouse, je veux continuer sur cette voie. »

*Le prénom a été changé

Aller plus loin :
Les5w: Toi, Toit à Moi
« Toit à moi », un projet pour la réinsertion des SDF
Solidarité : quand les sans-abri retrouvent un toit