Marc Fridman, porte-parole du CRIF à Toulouse le 4 octobre 2017 nous parle de l' antisémistisme
Marc Fridman, porte-parole du CRIF à Toulouse le 4 octobre 2017 © Charlotte Ailleres

Les actes antisémites ont diminué de 7 % l’an dernier en France. En revanche, derrière cette diminution apparente; les faits graves comme les menaces, les violences physiques ou incendies ont augmenté, eux, de 26 %. À Toulouse, le week-end dernier, l’espace judaïque a été victime d’un nouvel acte de ce genre. Marc Fridman Porte-Parole du CRIF nous explique la situation. 

 

« Léo Molinié: Que s’est-il passé ce week-end à l’espace judaïque de Toulouse ?
Marc Fridman:
Nous avons reçu un courrier avec une poudre blanche à l’intérieur. Un petit mot y était joint, nous rappelant le souvenir du meurtrier de l’école Ozar Hathora du 19 mars 2012. Les services de police ont été immédiatement prévenus. La police scientifique est intervenu, ils ont confiné le bâtiment puisque la poudre blanche pouvait être tout et n’importe quoi. Les gens étaient bloqué sur place pendant deux heures. Il s’est trouvé que ça n’avait pas lieu à inquiétude. C’était juste une mauvaise blague, on va dire. 

 

L.M: Comment avez-vous réagi, y a-t-il eut des mesures spéciales suite à cet événement ?
M.F:
Non, le bâtiment est bien protégé. Aucune mesure spéciale n’a été prise. De toute façon, on ne peut pas prendre des mesures spéciales contre cela. À part appeler encore plus à la prudence lors du dépouillement du courrier, on ne peut pas faire grand-chose. 

 

L.M: Il y a eu le manifeste contre le nouvel antisémitisme qui a été publié. Qu’est-ce que vous en pensez ?
M.F:
Ce manifeste qui a été publié dans Le Parisien et signé par un ancien Président de la République, par trois Premiers ministres, par plusieurs intellectuels et des artistes. Il marque un moment de l’Histoire de l’antisémitisme en France. La société civile prend conscience de ce que nous vivons. Quand vous entendez qu’en région parisienne plus de 50 000 Juifs ont été obligés de déménager parce qu’ils font face à des voisins musulmans radicaux qui font tout ce qu’ils peuvent pour les intimider et les pousser à partir. Je pense qu’il est temps de marquer cela avec cette tribune.  

 

L.M: Vous, qu’est ce que vous en retenez ?
M.F: Il y a une prise de conscience de plus en plus large. La diversité des signataires qu’ils soient de droite ou de gauche me pousse à penser que la prise de conscience est en train d’arriver de manière beaucoup plus large. 

 

L.M: Vous aviez besoin d’un tel manifeste ?
M.F: Oui. Quand vous êtes juif en France aujourd’hui, vous êtes assassiné. Je vous rappelle qu’il y a onze personnes qui sont mortes dans la dernière décennie. Elles ont été assassinées, parce que juives. Je pense que la sonnette d’alarme, il est temps de la tirer. Et c’est bien que d’autres personnes que la communauté juive le fassent. 

 

L.M: À Toulouse, vous vous sentez en insécurité ?
M.F:
À Toulouse, comme ailleurs. Je vous rappelle que l’école Ozar Hathora a été touchée le 19 mars 2012. Je vous laisse imaginer le traumatisme. Qui a d’ailleurs été marqué par de nombreux départs des Juifs qui sont partis directement en Israël. Effectivement, la communauté comme ailleurs craint cet islamogauchisme auquel elle doit faire face.»