Cellule du quartier d'isolement de la prison Jacques-Cartier de Rennes (France), à travers le judas
Cellule d’un quartier d’isolement @Edouard Hue (CC BY-SA 3.0)

Les surveillants de la prison de Seysses, jugée « insalubre » avec « un nombre important de dysfonctionnements graves », dénoncent un portrait « exagéré » du pénitencier. Selon le syndicat S.P.S, la responsabilité des détenus est « oubliée ».

« Tout ce qui est dit sur la prison de Seysses est exagéré ». Mathieu David, membre du syndicat S.P.S, le Syndicat Pénitentiaire des Surveillants, s’indigne face au traitement médiatique dont fait l’objet la maison d’arrêt de Seysses. Ce lundi 4 octobre, le juge des référés du tribunal administratif de Toulouse a ordonné onze mesures urgentes que la prison doit appliquer. Cette décision fait suite à un rapport délivré en juillet par le contrôleur général des prisons faisant état d’un « nombre important de dysfonctionnements graves » à Seysses.

La gestion de la surpopulation est notamment montrée du doigt. « On est surchargé, on n’a pas le choix. On doit installer 180 matelas au sol. Mais c’est à peu près partout pareil » assume Mathieu David, surveillant pénitencier depuis 23 ans. Un état d’insalubrité est aussi mentionné dans le rapport du contrôleur général des prisons qui parle « d’une dégradation préoccupante des locaux ». Une description « abusive » selon le surveillant, qui explique les problèmes hygiéniques par le comportement de certains détenus. « Certaines personnes qu’on accueille ne respectent rien, ne font pas leurs lits, jettent n’importent quoi par terre » explique-t-il. « La réinsertion doit passer par l’éducation primaire : être propre et respectueux. On met des ateliers théâtre pour les réinsérer, mais ce n’est pas ça qui les rendront aptes à la vie dehors » révèle Mathieu David.

Au sein de l’établissement de Seysses, des détenus ont filmé leurs conditions de vie au milieu des rats et des déchets. Dans une de ces vidéos, très largement partagées sur les réseaux sociaux, le membre du syndicat S.P.S apparaît. « C’est bien tout le monde m’a vu (rires). Ce que les gens ne savent pas, c’est que les rats débarquent parce que des détenus lancent de la nourriture par la fenêtre. Pourtant une poubelle est mise à disposition au sein de leurs cellules » témoigne Mathieu David.

« La profession souffre de plus en plus », déplore ce surveillant. En effet, selon le syndicat S.P.S, les surveillants pénitenciers de Seysses effectuent en moyenne entre 50 et 80 heures supplémentaires par mois, parfois non rémunérés. « Sans parler du fait que ça nous fait mal d’entendre parler de « Prison de la Honte » vu le travail qu’on fournit. L’ensemble des surveillants vivent depuis 6 mois des moments très difficiles » déclare Mathieu David. Craquages psychologiques, violences, salaires impayés, les surveillants de la prison de Seysses se disent plus que jamais sous pression. « Les gens ne parlent que des détenus depuis plusieurs jours, mais notre profession souffre de plus en plus et on ne le voit pas aux journaux télévisés », regrette le surveillant.