Grève des avocats à la suite de la réforme des retraites
L’entrée du Palais de Justice de Toulouse vide pour une journée « justice morte » ©Liliana Brel

« Justice morte » c’est le mouvement entamé par les avocats à partir de ce lundi 6 et pour 4 jours. En cause: la réforme des retraites. Résultat: Toutes activités juridiques et judiciaires sont suspendues. Reportage à Toulouse

« Nous ne voulons pas d’un régime universel», se révolte, à Toulouse, une centaine avocats contre le projet de réforme de leur régime de retraite. Les représentants de la justice souhaitent garder leur système de cotisation. « Nous avons depuis 1948 notre propre régime de contribution. Nous en sommes satisfaits. Pourquoi changer cette institution ? » se questionne Marie de Laregne, avocate à Toulouse.

Ces derniers ont répondu favorablement à l’appel pour bloquer le fonctionnement de la justice. Initiative lancée par le Conseil national de barreaux. Les professionnels de la justice ont décidé de suspendre toutes leurs activités juridiques et judiciaires. Par conséquent, les avocats du barreau ne plaideront pas cette semaine. De plus, il n’ y a pas d’audience ni de garde à vue. « Nous sommes obligés de recourir à une grève afin qu’un dialogue soit établi. C’est la seule manière que nous avons trouvée », déclare José Michel, avocat depuis 30 ans. Cette solution de débrayage fait échos aux autres grèves dans les différentes professions.

« Nous nous sommes rendu compte que la seule façon d’attirer l’attention du gouvernement est : de manifester. En effet, la révolte d’une majorité d’employés, comme les pilotes d’avions ou policiers, leur a permis d’établir des négociations sur leurs retraites» rappelle Jean-François, enseignant à la faculté de Droit et Science Politique.

« les jeunes avocats sont les grands perdants »

Les nouveaux avocats au barreau s’inquiètent de la hausse des cotisations qui augmenteront de 14 à 28 %. Ainsi, les charges mensuelles augmenteront de 300 à 400 euros, chose impensable pour Julien Clerb, jeune avocat « j’ai des revenus moyens de 1300 euros. Si je calcule la croissance des charges et mes bénéfices, je pense que ne pourrait plus tenir mon cabinet.» Cette crainte des avocats novices est comprise par leur collègue plus expérimenté qui constate « la mise a mal les avocats indépendants qui devront cotiser comme des salariés normaux. En outre, ils n’auront plus de congés payés.»

« on se sent abandonnés »

Toutes ces contestations et la colère des grévistes ont permis de mettre en place des lettres ouvertes destinées au gouvernement ou à la députée de la Haute-Garonne, Corinne Vignon. Mais, l’élue n’a pas encore répondu à la missive. «Cette inaction du gouvernement et de nos élus montre que nous ne sommes pas leur priorité. Par ailleurs, on se sent abandonnés par la ministre de la Justice », relate José Michel. De nombreux avocats qui se sentent délaissés ont décidé de reconduire la grève si « rien ne change .»