garage avec pour maîtres mots : insertion et accompagnement. Crédit : Cécile Mootz
garage avec pour maîtres mots : insertion et accompagnement. Crédit : Cécile Mootz

Réparer sa voiture, cela a un coût, et parfois non négligeable. En moyenne les ménages consacrent 11 % de leur budget annuel à l’achat et l’entretien de leur voiture. Afin de limiter les dépenses, des garages associatifs se sont créés partout en France. Ils permettent de faire réparer ou de réparer soi-même son véhicule, et cela à petits prix. À Toulouse, le « Garage pour tous » fonctionne depuis une dizaine d’années.

En Haute-Garonne, six garages solidaires proposent des formules de réparation de son véhicule à moindre coût. À Toulouse, ils sont deux à se partager la zone. « Mobilités » du côté du Mirail, et dans les quartiers nord de Toulouse « Garage pour tous ».
À première vue, c’est un garage comme les autres. Ponts pour soulever la voiture, pièces détachées à tout va, produits d’entretien, et mécaniciens au travail, tout y est. Mais à bien y regarder, les prix d’entretien et de réparation y sont deux à trois fois moins coûteux que dans un garage ordinaire.

Raymond Gleyses est le fondateur. L’aventure a commencé de manière atypique en 2008. Raymond a changé de club de rugby, et c’est grâce à cela que le garage associatif a vu le jour. « Le projet était voulu par la ville, c’était un besoin pour lutter contre la mécanique sauvage. Deux structures de garages solidaires ont été mises en place et on nous a trouvé un local. » Pour Raymond Gleyses, ancien garagiste, c’était un challenge que de proposer autre chose : « après un grave accident de voiture, je voyais le prix des réparations je me suis dit : fais quelque chose pour ceux qui ont peu de moyens. » Et le moins que l’on puisse dire c’est que le garage a rencontré son public. « Il y a entre 300 et 400 nouvelles adhésions chaque année. Nous en sommes aujourd’hui à 2 600 depuis l’ouverture. »
Ce sont bien des adhérents et non des clients qui sont accueillis au garage. L’adhésion pour une personne salariée est de 50 euros. Moitié moins cher pour les publics en plus grande précarité souvent aux minimas sociaux. Ils sont une grande majorité.

Sur place, il existe trois options tarifaires. Pour une réparation où le mécanicien se charge du véhicule, il faut compter entre 30 et 35 euros. La seconde solution, faire l’opération vous-même avec l’aide d’un professionnel, cela revient à 17,50 euros. Et la dernière option consiste à réparer seul et pour 10 euros sa voiture. Il s’agit d’une mise à disposition des outils. Car même si le travail de professionnel est indispensable pour certaines opérations, d’autres, plus simples, peuvent être faites maison. Quentin, trentenaire toulousain, a choisi cette option. Arrivé à 14h il est venu dans un but précis : « la vidange et un petit problème de frein, mais tout est réglé. Ça revient moins cher de faire l’entretien soi-même, il y a tout ce qu’il faut, c’est pratique. Et puis je sais que si j’ai besoin, les professionnels ne sont pas loin. » Comme lui, ils sont finalement peu, à mettre les mains dans le cambouis. 80 % des personnes viennent pour un service classique : le dépôt de la voiture que l’on récupère après réparation.

 

réparer sa voiture lui-même. Crédit Cécile Mootz
Quentin est venu réparer sa voiture lui-même. Crédit Cécile Mootz

Entre accompagnement et chantier d’insertion

Pour s’occuper de toutes ces voitures, ils sont 11 salariés. Le « Garage pour tous » accueille également 5 personnes sur des postes d’insertion. Deux aides-mécaniciennes, deux mécaniciens et un mécanicien carrossier. Claude Audrerie, retraité et bénévole depuis 7 ans précise : « On essaie de prendre des gens avec des notions. Certains viennent et ne parlent pas. Il faut les mettre en confiance et les accompagner au mieux. » Une fois par mois, il est à la tête d’ateliers pour mieux comprendre la voiture. Entretien, freinage, voyants, changer des roues, l’accompagnement des adhérents est total.

Le garage propose également des voitures à la vente, mais aussi à la location. Mise en place en main 2018, la formule concerne les intérimaires non mobiles, qui peuvent débourser 10 euros de l’heure pour louer une voiture. Alors, entre ateliers, ventes, locations, accompagnement à l’achat et réparation, le garage ne souhaite pas s’arrêter là. Sa démarche se veut écologique puisque bénévoles et salariés recyclent les pièces usagers des véhicules et récupèrent chez les particuliers les déchets trop souvent bazardés dans la nature.

Tisser une toile

Les seuls freins aujourd’hui, sont le manque de personnel et parfois de moyens. Subventionné à hauteur de 30 % de ses dépenses par la Ville, l’État et la Région, le garage couvre ses frais grâce aux adhésions et aux réparations. L’autre souci vient des voitures modernes. Elles ont de plus en plus d’électronique embarquée, et parfois c’est compliqué. « Les freins sur la réparation sont liés à l’électronique, mais nous ne faisons que de l’entretien », précise Raymond Dreyses. Dès que les travaux sont trop importants, ils font appel à des spécialistes. Car oui, Raymond le souligne : « on a mis en place un réel réseau. »

Ce réseau, ce sont des partenaires locaux. Certains viennent sur place ou alors, ils accueillent des adhérents avec remises de 20 à 40 % sur leur prestation. Ils sont quatre fournisseurs de pièces automobiles, mais aussi trois fournisseurs de pneumatique ainsi que des casses automobiles à travailler en partenariat avec le « Garage pour tous ».

En plus d’un réseau local, le petite entreprise accompagne les porteurs de projets et souhaite, avec une structure bordelaise, créer un réseau de garages solidaires à travers la France. Mais avant cela, un deuxième garage pour tous va ouvrir ses portes du côté du quartier Borderouge, cela dans les prochains mois. Un réel effet boule de neige pour ce garage associatif, car comme le précise Claude : « ça se développe parce que le besoin y est. »