Bourgade paisible, Lherm, au sud de Toulouse, est sous le choc. Cette nuit, 5 pensionnaires de l’EHPAD sont décédés d’une possible intoxication alimentaire.

À Lherm, la plupart des voitures se dirigent vers le contre-bas du village, sur une petite route sinueuse ponctuée par le désormais tristement célèbre, EHPAD de la Chêneraie. Sur cette même route ce matin, la municipalité a mis en place une cellule de crise dans la salle des associations afin de proposer un soutien psychologique aux familles. Ces deux lieux habituellement sans histoire sont désormais gardés par plusieurs hommes de la gendarmerie. Dans la maison de retraite, personne ne sort. Seules les familles viennent en visite. L’endroit est bien gardé. L’ambiance en apparence morbide, contraste avec le collège voisin, d’où s’échappent cries et rires d’enfants. L’école, seul lieu lhermois immaculé par la nouvelle.

Joël travaille dans le tabac de la rue principale. Depuis qu’il a ouvert ce matin, les discussions autour du sujet s’enchaînent. Certains sont directement impactés. « Ma mère est dans l’établissement« , explique un client d’une cinquantaine d’années. « Elle va bien, mais on n’en sait pas plus. » S’il ne connaissait pas personnellement les pensionnaires, Joël est également touché : « En fin de semaine, je livre certains journaux à des résidents. Peut-être qu’ils n’existent plus… Les familles doivent avoir la haine. La pension coûte environ 3 000 euros par mois, le service se doit d’être à la hauteur. Je n’y allais pas souvent, mais le peu que j’ai vu, c’était propre. » L’hygiène justement, ne semble pas être en cause comme l’explique Huguette dont la belle-mère fait partie des personnes intoxiquées, mais pas en danger. « Certes le personnel est en sous-effectif, mais ils font très bien leur travail. La température des plats et systématiquement contrôlée et c’est pareil pour le reste.« En revanche, elle, ainsi que d’autres proches entendent bien porter plainte contre le groupe Korian qui vient de reprendre la gestion de la structure. « Il ne faut pas que ça reste impuni« , conclut Huguette.

Le leader français de l’accompagnement des séniors reste de son côté muet depuis le drame. Pendant ce temps, l’heure est au soutien des résidents atteints. « Nous sommes face à des personnes fragiles, qui ne réagissent pas toutes de la même manière. Certaines ont réagi rapidement (le premier cas 1h30 après le début du repas, NDLR) d’autres plus tard dans la nuit« , explique Bruno Jeanjean administrateur général de la clinique de l’Occitanie qui a accueilli une patiente. « Il s’agit d’une dame âgée et faible. Elle a reçu à temps tout ce qui était nécessaire. Nous allons la conserver en observation 24 ou 48h et puis elle rentrera à Lherm. »

Une commune où le calme revient progressivement, malgré le choc. Dès aujourd’hui, le personnel soignant faisait comme si de rien n’était. La plupart des patients sont atteints d’Alzheimer et ne sont donc pas conscients du scandale.