©Soledad Arque-Vazquez

Salaires, effectifs, réformes en cours… les fonctionnaires français se sont mobilisés mardi lors d’une journée de grève et de manifestation, la troisième depuis l’arrivée au pouvoir du président Emmanuel Macron. Ils ont été rejoints par des lycéens et des étudiants.

Marie porte un panneau dans ses bras. « La réussite, ça se mérite ». Il est 14 heures ce mardi et cette étudiante de 21 ans en art plastique à l’Université Jean Jaurès s’apprête à prendre le départ de la manifestation des fonctionnaires. Entre 3500 et 20 000 manifestants toulousains ont répondu à l’appel unitaire des syndicats de la fonction publique. Une mobilisation inédite depuis 2010. Parmi eux, des étudiants inquiets pour leur avenir. Marie déplore : « la loi ORE (loi sur l’orientation et la réussite des étudiants) creuse les inégalités. Nous ne pouvons pas nous orienter correctement. Certains étudiants, surtout ceux issus des milieux populaires sont condamnés à l’échec. Les universités sont surpeuplées. Il n’y a pas assez de moyens pour nous guider et nous aider à faire les bons choix pour notre avenir quand nous n’avons pas de soutien familial ou financier. » Si la loi ORE affiche pour but de réduire le taux d’échec à l’université, elle est sujette à beaucoup de controverses pour ces centaines de jeunes venus chanter et crier contre la sélection à l’université.

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« Le gouvernement fait son marché parmi les étudiants », « Faites l’amour pas le tri », peut-on lire sur des pancartes. Dans le cortège toulousain, entre le soleil et les gouttes de pluie, des lycéens demandent notamment la révision du nouveau système d’affections post bac Parcoursup. « Parcoursup est un bazar sans nom. Il y a encore moins de vœux et ils sont moins hiérarchisés qu’avec le système précèdent.», explique Juliette 17 ans élève au lycée des Arènes. Des signes de protestation grandissants contre la réforme de l’entrée à l’université. Au début du cortège, les étudiants brandissent leurs banderoles et témoignent. « Je ne compte plus le nombre de fois où je suis venue manifester. Les places à l’université sont limitées, ceux qui ont le moins de moyens intellectuels et financiers seront pénalisés. On va continuer de se battre pour une université accessible à tous et à toutes », s’exclame Salaya étudiante en économie de 20 ans à l’université du Mirail venue manifester aux côtés de son amie Juliette.

Pour les étudiants, « le gouvernement ne garantira pas leur avenir »

Parmi la majorité des jeunes présents à la manifestation, les étudiants de la faculté du Mirail sont bien représentés. Alya, 22 ans, étudiante en spectacle dénonce « la privatisation du service public. Le nouveau système de Parcoursup sélectionne socialement et ne correspond donc pas à un service public. Notre université Toulouse Jean Jaurès a déjà basculé dans le privé en acceptant de s’allier pour des raisons économiques à Vinci. En basculant dans le côté obscur, la fac s’est assise sur le dialogue social. » Selon elle : « le gouvernement ne garantira pas leur avenir ». Des jeunes soucieux de pouvoir mettre toutes les chances de leur côté dans la réussite de leurs études, mais également inquiets pour leur future vie d’adulte. « La privatisation est présente partout. Nous manifestons aux côtés des fonctionnaires. Nous sommes concernés par les différentes réformes. Nous sommes surtout inquiets pour notre santé. Les hôpitaux sont privatisés, les hôpitaux manquent de personnel. Nous ne pouvons pas envisager de nous soigner correctement. », explique Saraya. Vers 16 heures, les premiers manifestants arrivent à Jean Jaurès toujours guidés par les étudiants présents en début de cortège. Des fumées blanches envahissent le lieu. Les jeunes donneront encore de la voix jusqu’à la fin de la manifestation.