Après le mariage royal, les jeunes ont opté pour celui entre le service privé et public… - Photo : Q.M
Après le mariage royal, les jeunes ont opté pour celui entre le service privé et public… – Photo : Q.M

Comme beaucoup de ses sœurs, la ville Rose était aujourd’hui en proie à un mouvement social des fonctionnaires. Si tous les syndicats ont appelé à se mobiliser, les jeunes ont massivement répondu présents.

373 jours au compteur. L’ère Macron n’en est qu’à son commencement. Incarnée par le plus jeune président qu’ait connu la Ve république, elle a subi hier les foudres d’un autre sang neuf. Celui d’une révolte. Celui d’un mouvement. Celui de l’avenir. À Toulouse, tous les syndicats se sont unis face à la réforme de la fonction publique. CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA-FP : la semaine sociale a bel et bien débuté dans la ville Rose. À 14 heures, le cortège s’est élancé depuis Saint-Cyprien. Cap sur le monument aux Morts, en passant par le pont des Catalans. Malgré un temps menaçant, des milliers de manifestants sont prêts à défiler. Le tout dans une ambiance plutôt festive. Au milieu de la foule, une multitude de jeunes, étudiants comme salariés.

Les élèves montent au créneau

Son compteur à elle affiche 17 bougies. Juliette est lycéenne aux Arènes. Elle vient « manifester contre le plan étudiant, la loi ORE et la sélection dans les facs. Je dénonce une précarisation des étudiants et des lycéens » poursuit-elle. Proche du cortège qui avance, la jeune vêtue de rouge et de noir observe les gens qui l’entourent. « Les hôpitaux, les cheminots, tous sont touchés. Le problème avec les hôpitaux, c’est qu’ils sauvent la vie des gens : ceux qui ne sont pas pris en charge, c’est à cause du manque d’effectif. » Du haut de ses 20 ans, Axel brandit un drapeau rouge. Pas de la CGT, mais du Mouvement des Jeunes Communistes. Si aujourd’hui il manifeste, c’est pour « la défense du service public. Je suis contre la loi ORE. Mais je suis totalement solidaire des cheminots qui luttent pour le statut pour lequel ils ont durement lutté auparavant ».

L’étudiant à UT2 regarde loin devant. « La fonction publique, c’est le service public. Quand ça touchera mes enfants, ça me touchera aussi… » Sous le soleil qui tente plusieurs percées, certains ont opté pour une touche d’humour. Alia et ses amies ont organisé « un mariage ironique entre le service privé et public. On manifeste contre les réformes du premier qui s’appliquent au second ». Étudiante de 22 ans en art du spectacle, elle regrette notamment que « de grands groupes privés puissent investir, comme Vinci à la fac Jean Jaurès. Cette réforme creuse le fossé entre ceux qui vont avoir l’accompagnement familial et financier pour aller loin dans les études et ceux qui ne l’ont pas ».

De l’autre côté du bureau, la chaise est vide

Les étudiants ne sont pas les seuls à être dans la rue. Si les bancs des facultés sont clairsemés aujourd’hui, les tableaux restent propres et les bureaux vides. De jeunes salariés, tout fraîchement enseignants, ont également leur mot à dire. Les pancartes sont de sortie. Institutrices à Toulouse Nord, Pauline, 27 ans et Colline, 24 ans, brandissent un message clair : « à Borderouge, on voit toujours rouge ». En plein milieu du cortège, la première dénonce les conditions de travail. « Ce sont des écoles en grande difficulté depuis quelque temps. La gestion des élèves à besoin éducatif particulier est très compliquée quand on est un enseignant pour 25 à 28 élèves. » Sa collègue est tout aussi inquiète qu’elle.

Colline regrette « les suppressions de postes. On a besoin d’enseignants spécialisés, de psychologues pour que les enfants puissent avoir une scolarité normale et s’épanouir ensuite comme tout le monde ». C’est face au traitement de ces derniers qu’Alexandra, enseignante de 28 ans dans la ville Rose, se dresse également. « Ils sont mis en face de gens pas du tout formés ni préparés, déclare-t-elle. Je dénonce le recours aux contractuels. Ils embauchent n’importe qui en CDD et CDI sans le statut de fonctionnaire. » L’avenir est en marche, autant que la préoccupation pour les générations à venir.